21/10/2013

On réussit à louer une voiture pour la fin de matinée.

Un étrange petit catamaran (sans moteur) avec 2 équipiers, s'amarre sur notre ponton, suivi de près par un voilier d'assistance de 56 pieds. Nous apprenons que cette embarcation insolite fait une tentative de tour du monde en catamaran non habitable (une première) et passe ce soir sur TF1 qui couvre l'événement de manière régulière.

Pour faire simple, les deux personnes sont vêtues d'une épaisse combinaison jaune étanche qui les fait ressembler à des cosmonautes et restent en permanence attachées à leur bateau, quasiment au niveau de l'eau : aucun moyen de se mettre à l'abri. Ils ont par exemple mis, en jouant de malchance, 11 jours pour venir depuis la Corogne, avec un vent soit de 2 nœuds de dos, soit de 45 nœuds de face. Il ne leur restait plus qu'1 litre d'eau et 2 sachets de nourriture lyophilisée...

Nous pensons qu'un gros grain de folie est nécessaire à ce genre d'aventure, mais sincèrement bravo !

Le site de leurs exploits : www.defisma.com

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A 14 H00, nous voilà partis tous les 3 à bord de la Dacia et la route va s'avérer beaucoup plus longue que prévu.

Après Agadir, ville touristique très étendue, ce sont les montagnes de l'Anti-Atlas, puis des paysages lunaires de roches rouges, des zones désertiques de couleur ocre, des palmeraies, des mines.

De plus en plus d'ânes comme moyens de locomotion, de plus en plus de troupeaux de moutons et de chèvres gardés par des bergers, de plus en plus de femmes voilées, en noir avec des touches de cramoisi, de plus en plus de puits car il n'y a pas partout d'eau courante, ce n'est plus le même Maroc, on a vraiment l'impression d'avoir changé de pays.

Les poubelles et sacs plastiques sont hélas, ici aussi très présents et il vaut mieux ne pas penser à la durée de vie de ces déchets, qui seront toujours là durant les dizaines d'années à venir...

La traversée des villages animés, de leurs alentours avec piétons et deux-roues non éclairés la nuit, rendent la conduite très pénible. La route devient piste, il faut rouler sur les bas-côtés afin de pouvoir se croiser, éviter les ornières innombrables et dépasser les camions surchargés (2 ou 3 fois la hauteur « normale ») et qui penchent dangereusement.

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Enfin, nous arrivons après un trajet de presque 8 heures au Dar Raha, à Zagora. L'accueil est chaleureux, le tajine est excellent et la décoration rustique, authentique. D'emblée, nous nous sentons bien dans cet endroit convivial et reposant.

22/10/2013

Nous rencontrons notre hôte Antoine, une belle personne. Bien intégré à la vie locale, il est installé ici depuis 14 ans. Ses initiatives personnelles de développement durable telles que recyclage de sacs plastiques devenus créations originales de corbeilles ou de tapis par des femmes du village, sont tout à son honneur. Dans cette maison d'hôte, l'eau potable est filtrée pour limiter le nombre de bouteilles plastiques qui, une fois vides, se retrouvent dans une quelconque décharge des environs (une seule usine de traitement des ordures existe pour tout le pays et elle se trouve à Casablanca, très loin d'ici).

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Le Dar Raha est situé en plein village et sa rénovation n'a pas été de tout repos (problème technique pour intégrer des sanitaires dans une construction en pisé, problèmes administratifs à répétition) et a traîné en longueur.

Antoine, amateur entre autres, de littérature, est aussi à l'origine d'une tentative de création de club littéraire et anecdotes à l'appui, nous nous rendons bien compte de la difficulté d'une telle entreprise.

Après avoir découvert les différents salons et terrasses qui composent cette charmante demeure, nous allons avec notre hôte dans la palmeraie toute proche où il a fait construire une maison. Son petit lopin de terre lui permet de cultiver quelques légumes et d'élever quelques lapins (nous aurons le plaisir d'en manger ce soir). Les garçons goûtent, après les avoir cueillies, à ses délicieuses dattes.

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Les murs en pisé (terre crue renforcée de paille) quadrillent l'oasis, comme c'est le cas dans toute la région. Malgré des barrières de palmes tressées, la dune avance inexorablement et la situation de sécheresse qui perdure (réchauffement climatique oblige) accentue le déclin programmé de cette palmeraie, de moins en moins verte, une parmi tant d'autres, quel dommage !

Départ en fin de matinée avec le guide recommandé par notre hôte. C'est quelqu'un d'ouvert à la discussion et de passionné d'histoire qui nous entraîne dans une des grandes palmeraies de la vallée du Draà et nous raconte l'histoire locale, riche et mouvementée, des berbères aux arabes, en passant par les juifs.

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Nous pique-niquons avec lui sur les terres de l'ancienne Casbah, toujours en pisé (habitée par une seule famille contrairement au Ksar habité par plusieurs) et allons ensuite à Tamegroute.

La zaouïa Nassiriya, très décorée, a la réputation de guérir les malades et les anxieux. Ce sanctuaire où est enterré un marabout, attire de nombreux fidèles, certains sont allongés sous les arcades et espérent une amélioration de leur état de santé, en plus de leur apporter la chance.

La bibliothèque de la médersa attenante (qui possède de très anciens textes écrits sur des peaux de gazelles) étant fermée, nous nous dirigeons vers le ksar (forteresse) puis le mellah (quartier juif) où nous visitons une ancienne synagogue. Le Ksar est toujours habité et si les habitants disposent de l’électricité ils n'ont pas d'eau potable et doivent donc aller la chercher au puits sur la place à l’entrée du ksar.

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Nous terminons par la coopérative des potiers et admirons les fameuses poteries « vert-de-gris » de la ville.

Avant le dîner, entretien avec un autre guide pour le programme des deux journées à venir. Deux possibilités s'offrent à nous : méharée (chevauchée à dos de dromadaire) et petites dunes ou randonnée en 4 x 4 et grandes dunes (vrai désert). Après une réflexion cornélienne, nous optons pour la deuxième solution.

23/10/2013

Nous commençons la journée par le grand marché régional de Zagora, ville avant-poste du désert. Produits frais, bétail, artisanat, vêtements,... C'est une véritable foire. Nous craquons pour de belles dattes (c'est la pleine saison et les garçons en sont friands) et mandarines (c'est le début de la saison). Nous craquons aussi pour un ou deux souvenirs sur un « stand » berbère où le thé à la menthe nous est offert en toute simplicité et pour finir, nous n'oublions pas l'achat de chèches (foulards) sûrement pas authentiques mais qui nous seront utiles dans quelques heures.

Départ en 4 x 4 Nissan Pajero en tout début d'après-midi. Notre véhicule est propre et semble en bon état, à peine 100 000 kms au compteur et nous apprenons que les plus de 10 ans d'âge n'ont plus le droit de transporter les touristes dans le désert (sécurité, sécurité). Il y a juste le tableau de bord qui a un peu souffert et fondu sur tout le côté droit, (il peut faire chaud dans le désert !) mais comme il n'y a pas d'instruments à ce niveau-là, ce n'est pas un problème.

Même si nous sommes pressés d'arriver à destination, cela prendra 3 H 30 de route, puis de « tôle ondulée » et enfin de piste. Un véhicule autre qu'un 4 roues motrices serait pure folie, guide et chauffeur sont également indispensables : il est par moment totalement impossible de repérer la piste qui disparaît sous le sable et certains franchissements restent très délicats pour ne pas s'ensabler.

Nous traversons le Reg (ou désert de pierres et cailloux) impressionnant avec ça et là quelques rares tamaris, acacias ou pommiers de Sodome (vénéneux), végétations qui disparaissent peu à peu.

Passage ensuite par M'hamid, à 40 kms de la frontière algérienne, d'où partent la plupart des méharées et randonnées 4 x 4. Les hommes à la peau foncée portant turban bleu ou noir, lunettes noires et djellaba bleue y sont légion.

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A plus de 50 kms de là, l'Erg (ou désert de sable) Chigaga nous attend : des dunes jusqu'à 300 mètres de hauteur sur 40 kilomètres.

Nous croisons dromadaires et 4 x 4, d'autres chanceux...

Et puis du sable, du sable et encore du sable.

Nous arrivons à notre lieu de bivouac vers 17 H 30. Le paysage nous laisse sans voix : de hautes dunes de sable doré très fin à perte de vue, c'est grandiose.

Montage de la tente, puis nous foulons le sable et allons faire « l'ascension » de quelques dunes pendant que le guide prépare le repas.

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Nous restons en haut des crêtes en attendant que le soleil se couche. Le spectacle, grandeur nature, est alors 100 fois plus beau que sur carte postale. Les dunes baignées de lumière sont balayées par le vent (d'où l'intérêt du foulard pour ne pas trop manger de sable).

Le seul bémol est une mini-invasion de touristes bruyants qui gâchent un peu le calme nécessaire à la contemplation de cette beauté mais ne restent, heureusement pour nous, que peu de temps.

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La température est très élevée, même en soirée. Elle ne chutera, assez brutalement d'ailleurs, qu'au milieu de la nuit.

Nous passons une bonne soirée, hors du temps, avec nos accompagnateurs, à déguster un repas traditionnel sous la tente tout en discutant.

Romain dort à la belle étoile, après avoir un peu creusé le sable et s'être glissé dans un sac de couchage, sur une couverture.

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24/10/2013

Au petit matin, nous montons à nouveau en haut des dunes pour admirer le lever du soleil et c'est encore mieux que la veille : nous sommes seuls cette fois, aucun humain à la ronde, une vision à 360 degrés, une lumière pure, des couleurs irréelles, pas de brume, pas de vent, c'est tout simplement merveilleux.

On reste un bon moment silencieux, à apprécier l'incroyable sérénité qui se dégage de cet endroit, propice à la méditation. On a l'impression d'être en totale communion avec la nature et de profiter pleinement de ce qu'elle nous offre de plus beau.

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Il faut bien redescendre. Après le petit déjeuner, nous plions bagage et rentrons à Zagora. Balade dans la palmeraie où, pour la première fois depuis que nous sommes au Maroc, les gamins sont tellement « insistants » que nous abrégeons notre promenade.

Soirée agréable à Dar Raha en compagnie de notre hôte et d'autres touristes français habitant au Maroc.

25/10/2013

Départ en fin de matinée (après avoir mis quelques dattes de plus dans notre besace), notre escapade touche à sa fin.

Le retour est moins long que l'aller, nous faisons une pause déjeuner à Agdès (et rajoutons encore quelques dattes).

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En soirée, de retour à Agadir, le capitaine en second, puis le capitaine pour finir par le matelot/hôte ne se sentent pas très bien : on dirait bien la « turista ».

Un gros coup de vent s'annonce (ce sera la fin de la tempĂŞte Christian) et il faudrait partir demain ou bien attendre plusieurs jours ici que cela se calme.

La nuit portant conseil, décision à suivre, en fonction surtout de l'évolution de notre « dérangement intestinal « collectif» et de la fatigue associée. Un départ avec 3 équipiers en toute petite forme ne semble pas la meilleure option, d'autant que nous ne sommes absolument pas en retard sur notre programme.