03/07/2014 (Suite)

Les formalités d'entrée sur le territoire argentin sont très rapides. Nous repartons vers 14 H 00 après distribution collective d'un sandwich à tous les passagers du bus.

Encore un Salar en exploitation avec ses cônes de sel à perte de vue et la cordillère, bien sûr, en fond d'écran.

Nous roulons sans arrêt depuis la frontière. La montagne, toujours la montagne, rien que la montagne, mais qu'elle est belle ! On monte, puis on descend, sur une route aux très nombreux lacets.

Puis c'est au tour de roches sculptées rouges, vertes à apparaître devant nos yeux. Nous passons par Pumamarca où nous retournerons d'ici peu.

Arrivée en gare routière de Salta à 21 H 00. Nous n'avons maintenant plus que 5 heures de décalage horaire avec la France.

Nous marchons durant un quart d'heure avec nos bagages jusqu'au petit hôtel tout proche (4 chambres). Nous sommes accueillis par les propriétaires gérants d'El Relax, un couple d'Allemands très sympathiques avec qui nous faisons connaissance et qui nous rappellent que demain, c'est le quart de finale de la coupe du monde de football au Brésil avec France/Allemagne...On le savait bien sûr !

Sur leurs bons conseils, nous partons manger des pâtes dans une trattoria située plus au centre de la ville. Retour à 23 H 00, fatigués. Nos rhumes respectifs commencent à se transformer en toux, surtout chez la GV.

Même remarque qu'en Février : ici, à part quelques Indiens (zone d'influence des Incas et autres civilisations pré-colombiennes), il est difficile, à première vue, de distinguer les argentins lambda des touristes dont nous faisons partie.

04/07/2014

Ce matin, le coq du réveil chante vers 7 H 00 (la GV est de toute façon déjà bien réveillée), le GB ayant un Skype professionnel prévu, qui sera finalement annulé.

Petite forme pour tous les deux. Nous partons à la découverte de Salta, son église, ses rues, ses bâtiments, son immense parc où nous cassons la croûte. La place de la cathédrale est malheureusement fermée en ce moment au public, en totale rénovation.

Aujourd'hui, il y a donc match : la France perdra finalement contre l'Allemagne, sans toutefois démériter, dommage quand même ! Nous discutons pas mal avec nos sympathiques hôtes Monika et Heinz.

Nous nous occupons également de réserver les hôtels pour les 10 jours à venir et allons à la gare routière afin d'acheter nos billets pour Cordoba.

Nous dînons dans un restaurant où la viande est très bonne (nous profitons de notre séjour dans ce pays pour déguster ses spécialités carnées), le vin plus qu'acceptable, mais le personnel et la décoration laissent vraiment à désirer et la note est salée, (le poivre est quant à lui, un condiment quasi absent sur les tables argentines !).

Salta, à l'architecture coloniale, est la ville la plus touristique du Nord-Ouest argentin mais elle a su conserver un certain charme. Elle fut fondée en l'an de grâce 1582.

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La cathédrale, l'église San Francisco, le Parc Saint Martin, le téléphérique qui emmène au Cerro San Bernardo sont au nombre de ses atours. Des restaurants et des Penas (bars ou clubs où les gens mangent, boivent et se rassemblent pour jouer et écouter de la musique, souvent du folklore local) s'y trouvent en abondance

Ses musées sont intéressants, notamment celui d'archéologie de Haute-Montagne qui possède la dépouille de trois enfants momifiés, sacrifiés, découverts en 1999 à la frontière chilienne, à 500 kms de là (même contexte que le Mont Amparo et le musée d'Arequipa au Pérou).

La GV est très fatiguée ce soir.

05/07/2014

Nous sommes Samedi matin, il fait très gris, humide et froid mais cela ne nous empêche pas de nous balader en ville et de pousser jusqu'à la gare où nous souhaitons changer le mode de retour du train des nuages, mais le guichet est fermé, tant pis. Le bureau de change est également fermé.

Nous déjeunons sur le pouce dans une boulangerie et constatons que la ville se vide d'une manière impressionnante : plus personne dans les rues, c'est le ¼ de finale Argentine/Belgique, qui commence à 13 H 00.

Devant la grande place historique (Indépendance du pays) du 09 Juillet où nous nous dirigeons, une foule incroyable s'est pressée devant l'écran géant. Des drapeaux, des maillots argentins par centaines, des supporters maquillés en bleu et blanc, les couleurs du pays.

Nous sommes là en début de match quand l'Argentine marque : liesse collective, l'ambiance est hallucinante et bon enfant à la fois, c'est une fête familiale, toutes générations confondues, le football ici, c'est vraiment quelque chose de dingue. On a vraiment envie qu'ils gagnent.

Nous suivons la fin du match à l'hôtel avec Heinz et Monika qui nous offrent du fromage accompagné de vin rouge et l'Argentine gagne !

Nous dînons au centre ville (churrasco de tiro pour la GV, côte de bœuf grillée pour le GB) où le serveur, de bon conseil, passe un peu de temps à discuter avec nous, puis nous rentrons à l'hôtel, il fait froid ce soir.

06/07/2014

Nous sommes réveillés très tôt (4 H 00 du matin) par des clients de l'hôtel qui partent bien avant l'aube et n'arrivons pas à nous rendormir. Nous avons donc largement le temps de préparer nos affaires pour notre escapade motorisée.

A 9 H 00, ponctuel, le loueur de voiture sollicité hier est là, mais l'établissement du contrat ainsi que l'inspection du véhicule prennent quasiment une heure.

Nous partons en fin de matinée en gardant bien sûr à l'esprit, la dangerosité de la conduite dans un pays où les accidents de la circulation sont très fréquents. Le ciel est gris et les nuages, très présents.

Nous croisons plusieurs groupes de cavaliers (gauchos) et cavalières dans leur beau costume traditionnel (cape rouge bordée de noir) et chapeau en cuir. Hommes, femmes et chevaux sont vraiment craquants, l'ensemble est très harmonieux et donne l'impression d'être figé un siècle en arrière.

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Nous contournons un lac artificiel, nous arrêtons à la digue Cabra Corral, dans la vallée de Lerma, puis passons sur le pont Belgrano où nous ne sommes pas les seuls : des bus et de nombreux pêcheurs (alors que deux grands panneaux interdisant la pêche sont bien visibles). Les rochers sont très colorés.

Des bougainvillées, des palmiers, des cactus, témoins du micro-climat exceptionnel, servent d'écrin et illuminent les superbes villas construites sur de petits promontoires.

Nous descendons par une piste jusqu'au bord du lac où nous découvrons des bateaux aménagés, aux barbecues imposants (nous sommes en Argentine, le pays de l'Asado).

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Les berges du lac comptent également un nombre impressionnant de barbecues à demeure, de bancs, une aire conviviale pensée pour le pique-nique familial du week-end. Ce doit être bondé en été !

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Nous faisons notre pause casse-croûte ; le soleil en profite pour se lever et nous pour photographier la lumière qui brusquement jaillit et éclaire les feuilles des arbres aux si belles couleurs de l'automne.

Nous repartons vers 14 H 00 et entamons un des trajets les plus étonnants d'Argentine. Les paysages, malgré l'aridité, sont superbes ; le grès, partout présent.

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La gorge du diable, l'amphithéâtre naturel, le mirador des 3 croix ne sont que quelques-uns des sites traversés, plus spectaculaires les uns que les autres, creusés par les mouvements des plaques tectoniques, l'eau de la rivière et le vent. Les couleurs sont fantastiques : le rouge de l'oxyde de fer voisine avec un vert très lumineux et le soleil rend l'ensemble presque irréel. Nous nous promenons avec plaisir dans cette Quebrada (faille) de Cafayate, encore appelée Quebrada de las Conchas  car des coquillages datant de 90 millions d'années ont été trouvés ici.

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Plus tard, nous quittons la route et prenons une piste vers San Carlos, qui nous fait traverser plusieurs gués et notre voiture s'enfonce dans l'eau sur plusieurs centimètres.

Nous arrivons à l'estancia au doux nom de « La Vache Tranquille » après un premier essai infructueux et sommes accueillis par les propriétaires, un couple de Belges tombés amoureux du coin et qui gèrent une exploitation de 110 hectares (taille modeste pour la région). Nous sommes leurs premiers vrais clients via le site  Booking. Les bâtiments sont bien conçus, harmonieux, une estancia comme on l'imaginait, le jardin est à l'avenant, les chambres rustiques et agréables. Un poêle à bois est à disposition, le combustible préparé, il n'y a plus qu'à allumer le feu et se laisser envahir par la chaleur qui peu à peu emplit la chambre.

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Nous allons marcher dans la propriété, la vue alentour est magnifique, le soleil commence doucement à décliner, l'endroit est très calme, un havre de paix, le nom n'était pas usurpé !

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Nous partons dîner au village de San Carlos, « cabrito » très fin pour le GB, milanaise pour la GV et rentrons nous coucher à la propriété.

07/07/2014

Une bonne nuit pour tous les deux, même pas eu froid ; le GB a quand même rajouté du bois une fois et le feu ne s'est pas éteint ! Il n'y a plus qu'à souffler sur les braises pour le relancer, la GV est ravie.

Nous petit-déjeunons avec les autres clients (il y a 5 chambres en tout mais elles ne sont pas toutes occupées). Au menu : quesillo, c'est-à-dire fromage frais en galette à recouvrir de dulce de leche ou de confiture, des yaourts faits maison, ainsi qu'un gâteau orange et chocolat, sans oublier pain, beurre et jus d'orange. Nous conversons avec des argentins de Cordoba, des argentins résidant en Suisse et avec nos hôtes.

Avant le départ de nos propriétaires et devant l'insistance de tous, ils nous réservent pour le lendemain après-midi, la visite du musée de la Bodega Colomé.

Nous partons en voiture dans la matinée et nous arrêtons à San Carlos, dont nous arpentons les rues étroites bordées d'habitations coloniales. Les Jésuites établirent ici la mission de San Carlos et plantèrent les premières vignes au XVIII ème siècle dans les environs.

Nous nous dirigeons ensuite vers Cafayate. petit arrêt habituel à l'office du tourisme local et nous découvrons la jolie place et son église, il y a foule ce matin dans les rues.

Cafayate est une ville ceinturée par les vignobles et les chemins propices aux balades y sont nombreux.

Nous sommes dans la deuxième région viticole d'Argentine, la première étant Mendoza. Et par conséquent, les Bodegas (caves) étant légion ici, il faut bien faire des choix, et non Monsieur le GB, nous ne les découvrirons pas toutes !

Nous commençons donc par la Bodega Nanni réputée pour son vin bio. Visite puis dégustation payante et achat d'une bouteille de vin.

Nous faisons un stop dans un mini-market où nous trouvons quand même pain, fromage, pâtes et sauce tomate qui accompagneront ce soir la dive bouteille.

Nous visitons ensuite la Bodega de Las Nubes (des Nuages), plus petite, perdue dans un cadre de toute beauté et dont les vignes, comme son nom l'indique, sont situées en altitude. La dégustation est gratuite, les explications, intéressantes et nous achetons ici aussi, une bouteille de fruits du terroir.

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L'essentiel de la production est consommé localement (province de Salta), ce n'est pas du vin de garde et environ 20 % est exporté au Brésil, USA et Suisse. Les cépages présents sont le Cabernet, le Malbec, le Tanna pour le rouge et le Torrontés pour le blanc sec aromatique, très prisé et spécifique de la région. 

Nous allons jusqu'aux ruines de Quilmes (qui a donné son nom à une des bières les plus consommées d'Argentine). Les indiens Diaguita/Calchaqui ont seulement récupéré leurs terres en 2008 et s'attèlent depuis à restaurer ce site. Cette cité pré-inca fut fondée au X ème siècle (5 000 habitations sur 30 hectares). Les habitants survécurent aux Incas (attaque en l'an 1480) mais pas aux Espagnols qui déportèrent les 2 000 derniers à Buenos-Aires en 1667 où ils périrent rapidement. Il existe d'ailleurs toujours à B-A un quartier éponyme.

Nous marchons vers les premiers vestiges, les murs très épais confirment le côté défensif du lieu, puis escaladons les innombrables marches jusqu'à arriver en haut des collines d'où l'on jouit d'une vue splendide sur la cité et ses environs : grande vallée, rivière et montagnes à l'arrière-plan.



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Ce n'est pas le Machu-Picchu bien sûr, mais le site est néanmoins impressionnant.

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De retour au parking, nous repartons en voiture d'abord sur une route, puis une piste, nous passons des gués puis retrouvons l'asphalte.

Nous sommes toujours sur la route des vins.

Le Nord-Ouest argentin, près du Chili et de la Bolivie, au bord des Andes, ce sont des paysages minéraux, la culture andine, la langue quechua, de l'artisanat, des lamas, la puna (ou altiplano), des ruines incas. C'est dans la province de Tucuman, voisine, où fut signée l'indépendance du pays.

A l'est de Cafayate se trouve Santiago del Estero considérée comme la mère des villes, fondée en 1553, la première colonie urbaine espagnole de ce qui constitue aujourd'hui l'Argentine. Malheureusement, aucun vestige de l'époque n'a été conservé.

Retour à l'estancia en début de soirée et nous nous préparons à manger dans la cuisine prévue à cet effet. Le vin est bon. Nous terminons notre repas par une pâte de patates douces achetée plus tôt, au goût de vanille et à la consistance gélatineuse, pas mauvais mais très spécial.

Nous avons une longue discussion avec un couple d'autres clients, en particulier sur la situation économique désastreuse du pays, son inflation galopante, sa dette, ses infrastructures qui se détériorent et la difficulté des argentins « moyens » à vivre décemment au quotidien dans ce pays et bien sûr à obtenir des devises et donc, voyager à l'étranger.

08/07/2014

Après un lever tardif à 8 H 45 (!), nous rassemblons nos affaires et partons un peu après 10 H 00. Nous retrouvons la piste après cinq minutes de route et nous la suivrons pendant 92 kms avant d'arriver à notre destination du jour, la Bodega Colomé.

Nous sommes dans les vallées Calchaquiès, une zone reculée mais très attirante de ce grand pays.

Nous nous arrêtons à l'église de Pargocastilla. La vallée s'élargit.

Nous traversons le Parc National des Cardones (les fameux cactus candélabres).

Les maisons à colonnades avec des arches parfois rectangulaires ou même triangulaires sont en pisé. La plupart du temps, les villages entiers, d'ailleurs. Les rochers gris ou beiges ont des formes incroyables, plusieurs quebradas se suivent sans se ressembler, des défilés étroits sont entourés de murs de plus de vingt mètres, des haciendas andines sont posées ça et là.

Magnifiques paysages, encore ! Et toujours différents. Une « Monument Valley » (USA) en miniature.

La mythique Route 40 qui traverse l'Argentine du Nord au Sud (déjà empruntée du côté d'Ushuaïa) est ici une piste au milieu de montagnes découpées, on se rend bien compte ici du mouvement des plaques tectoniques.

Angastaco, situé à 2 000 mètres d'altitudes est un petit village entouré de formations rocheuses spectaculaires. C'est une bourgade-oasis. Son lac est à l'origine de son monument naturel.

Trois ânes sur une des collines dominent et maîtrisent la situation.

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Puis ce sont des renards andins et des condors que l'on aperçoit.

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Nous nous rapprochons du lit de la rivière (presque à sec) et tout est aussitôt plus vert, des troupeaux de bovins paissent tranquillement. Les algarrobos blancos (caroubiers) sont des arbres très abondants dans la région.

Seule incongruité : poteaux et fils électriques.

Nous voilà à Molinos, fondée au milieu du XVII ème siècle, sa majestueuse église et sa mignonne petite place. En 1810, ce fut un des lieux principaux de résistance contre les espagnols.

Il y a même ici un éleveur de vigognes en semi-captivité.

Encore 17 kms à parcourir sur une chaussée qui est par moments très très déformée, étroite et sinueuse, parfois du sable, parfois de la « tôle ondulée », mais de la piste toujours. Notre Renault Clio tient le choc et nous, un peu moins.

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Nous arrivons enfin en vue des vignobles de la Bodega Colomé, dans un endroit « où le diable a perdu son poncho », selon l'expression du cru !

De très vieux ceps de vigne nous accueillent, nous voilà dans le trou du c.. du monde !

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Il faut quand même montrer patte blanche pour que le portail télécommandé s'ouvre, incroyable ! mais nous comprenons vite pourquoi : il y a là un hôtel de luxe, un restaurant et de nombreux bâtiments. Le complexe est d'ailleurs auto-suffisant en électricité.

Nous commençons par la dégustation, pas donnée du tout (quasiment 10 euros les 3 fonds de verre) de 3 Malbec : 3 vignes situées à 3 altitudes différentes, de 1 700 à 2 700 mètres. Ils sont très équilibrés, celui provenant de la plus haute vigne étant le plus parfumé : nous en achetons une bouteille.

Une production de 520 000 bouteilles par an dont 60 à 80 % exportée partout dans le monde selon les produits, certains sont des vins très haut de gamme et qui se vendent très cher (à 30 euros la dégustation, nous n'avons pas testé).

C'est un américain qui a acheté le domaine il y a de cela plusieurs années. Le vignoble date de 1831, les pieds viennent de France, d'avant le phylloxéra qui n'a pas sévi ici, lieu trop éloigné de tout !

Pas d'humidité, ils arrosent donc comme partout aux alentours et il n'y a ni champignon, ni maladie.

Leur œnologue, en poste depuis plusieurs années, est français (cocorico). La propriété produit un des meilleurs vins d'Argentine, les autres situés en haut du classement proviennent de Mendoza.

C'est une bodega écologique ou plus précisément, les vignes sont travaillées en biodynamie.

Nous déjeunons d'une simple empanada accompagnée de salade, mais cela dans un cadre extraordinaire.

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La spécificité de l'endroit, outre ses vignes et son vin, c'est son musée remarquable, conçu par l'artiste James Turrell où 9 de ses œuvres (1968 à 2003) sont exposées en permanence.

Les œuvres, ce sont des installation jouant uniquement avec la lumière (naturelle et artificielle), l'espace et la perception humaine, créées par un artiste qui est aussi architecte. Très très original, totalement bluffant. Le propriétaire de la Bodega, Monsieur Hess est aussi un grand mécène : l'entrée, sur réservation, est gratuite. Il n'y a que deux visites quotidiennes, avec un nombre limité de personnes, à 15 H 00 et à 17 H 00, la lumière naturelle étant bien sûr différente en fonction de l'horaire.

Pour info, en 1979, James Turrell a acheté un cratère en Arizona, qu'il transforme depuis en un gigantesque observatoire astronomique à l’œil nu.

Nous quittons cet incroyable musée et terminons par la visite des chais, cuves inox, barriques en chêne provenant de France.

Départ à 16 H 45. Après Molinos, nous allons vers Cachi où nous arrivons à 18 H 30.

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Un hôtel de l'Automobile Club, c'est là où nous dormons ce soir pour la première fois. Grands et longs bâtiments blancs disposés autour d'un patio, avec des arcades. Les chambres sont très nombreuses et nos voisins, un couple du 4ème âge, particulièrement bruyant : ils parlent très fort et le volume sonore de leur télé est très fort aussi : nous supposons qu'ils sont très sourds !

Demi-finale Allemagne/Brésil : 7 à 1, sans commentaire. Les brésiliens, organisateurs, doivent être terriblement déçus, cela ressemble à un drame national.

Au dîner, le GB se régale d'une belle entrecôte et la GV de pâtes sorrentinas (genre de très gros raviolis, spécialité régionale et argentine), également délicieuses.

09/07/2014

Comme l'on s'en doutait, nos voisins de chambre sont aussi bruyants le matin que le soir et nous réveillent donc très tôt.

Nous partons nous balader dans Cachi, qui existait déjà avant la domination espagnole. De vieilles maisons en pisé alignées le long de rues très étroites, une église du XVIII ème siècle, un musée anthropologique et une petite place ombragée comme fréquemment rencontrées dans les environs, voilà résumé l'essentiel de ce village néanmoins pittoresque.

Nous reprenons notre Clio. La RN 40, maintenant asphaltée mais toujours proche de la piste, affiche 4 501 kms, comptabilisés depuis l'extrême Sud : c'est grand, l'Argentine.

Nous traversons Payogasta, dont la population est d'origine indienne puis quittons la route 40. Un stand de produits artisanaux, d'épices, bibelots et souvenirs en bois de cactus, oui, oui ! (nous en verrons d'ailleurs à plusieurs reprises) se dresse au milieu de nulle part et un bus de touristes en profite pour faire sa pause.

Nous entrons à nouveau dans le Parc National des Cardones en fin de matinée, avec les montagnes en toile de fond. Les cactus ont longtemps représenté une source importante de bois pour fabriquer chevrons et menuiseries en général, que ce soit dans les églises ou les constructions indiennes de la région.

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Les cactus très abondants au début du Parc, se raréfient peu à peu.

Heureusement, des miradors ou points de vue sont là pour éviter la monotonie du paysage : celui du condor, de la côte de l'évêque, de la pierre du moulin. La chapelle Saint Raphaël, à 3 500 mètres d'altitude est un mélange de ferveur chrétienne et païenne, avec notamment de nombreuses cigarettes en guise d'offrande. Le soleil est présent, mais aussi le vent et beaucoup de neige accumulée : il ne fait pas bien chaud.

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La magie des condors, la fantastique vallée enchantée et ses couleurs, puis les lacets et la descente, pimentent notre route ou piste selon les moments.

Arrêt pique-nique bucolique, au bord d'une rivière où une famille argentine vient de faire un asado/ « barbecue » à quelques dizaines de mètres.

Avant de regagner notre hôtel à Salta où nous avons laissé une valise, nous allons à San Lorenzo, banlieue chic aux superbes maisons avec piscines. Le contraste est frappant entre la pauvreté de Cachi et l'opulence affichée ici, dans la même province.

La foule qui se presse vers les écrans géants, les ventes de drapeaux et autre maillots nous rappellent qu'un match va bientôt commencer et que les « aficionados » sont très nombreux.

Nous arrivons Ă  temps Ă  El Relax pour visionner la demi-finale de la coupe du monde de football Hollande/Argentine sur grand Ă©cran, dans le salon de nos hĂ´tes.

A la satisfaction générale, l'Argentine gagne finalement après la séquence des tirs au but.

Nous partons dĂ®ner en ville un peu après 20 H00 : les argentins sont vraiment contents (on les comprend), c'est la fiesta dans les rues, un concert ininterrompu de klaxons, des chants, de la musique, des danses, tout est bouchĂ©, mais nous sommes Ă  pied et l'allĂ©gresse est contagieuse !

Resto chic de tapas mondiales conseillé par un argentino-allemand. Résultat : pas déçus avec des mises en bouches très « ricas » comme on dit ici et le reste, à l'avenant. Quand nous repartons, la foule est moins nombreuse mais les bus encore archi-pleins. Il est plus de de 23 H 30 quand nous arrivons à l'hôtel et demain, nous nous levons tôt.

10/07/2014

Réveil à 4 H 50, évidemment pas assez dormi. Petit-déjeune à 5 H 30 préparé la veille, merci Monika. Le taxi commandé est là à 5 H 45, en avance. Nous sommes à la gare à 6 H 10 pour notre expédition du jour réservée depuis pas mal de temps : El Trén de Las Nubes (le Train des ou vers les Nuages), excursion touristique exceptionnelle.

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Dans notre compartiment à 6 H 30, le train se met en branle à 7 H 00. Toutes les places sont occupées, il fait nuit noire dehors, l'intérieur semble plutôt récent.

Au début, volets fermés obligatoires : nous traversons des zones parfois agitées et les caillassages sont apparemment fréquents, surtout après une fiesta comme celle d'hier soir.

Un petit-déjeuner léger est servi un peu plus tard. Le jour commence à se lever mais les nuages bouchent le ciel.

Nous passons devant une très vieille locomotive puis une usine de borax. Au loin, la Cordillère des Andes.

Le premier train touristique date de 1971. Il allait même jusqu'au Chili à une époque. C'est un des trains, voire le train le plus haut du monde. Interrompu pendant quelques années, le circuit est à nouveau opérationnel depuis 2008. Sa vitesse moyenne est de 35 kms à l'heure, pas mal, non ? Mais elle descend à 12 kms à l'heure pendant les changements de niveaux appelés zig-zags (pour gagner 54 mètres, la pente ne devant pas dépasser les 5%).

Nous passons sur plusieurs viaducs (El Panteon,..) sans aucune barrière de sĂ©curitĂ©, au pied desquels de nombreux mini-bus et autres 4 X 4 et donc de très nombreuses personnes attendent notre passage : les appareils photos doivent crĂ©piter, c'est nous qui faisons le spectacle !

Le guide/serveur nous propose du maté de coca contre le soroche (que nous connaissons bien maintenant). La GV se laisse tenter.

Plusieurs quebradas, un canyon, des cactus (de 2 500 à 3 500mètres) même s'ils sont en diminution importante, ainsi que des monts très colorés, agrémentent notre trajet.

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Il fait froid mais le soleil commence Ă  pointer le bout de son nez.

Notre guide nous parle de Salta et de sa région, nous raconte l'histoire (mouvementée) de ce train. Il nous parle aussi bien sûr de l'incroyable viaduc de la Polvorilla (4 200 mètres d'altitude), point d'orgue de notre voyage ferroviaire. Tout le monde pensait qu'il était irréalisable mais l'Ingénieur Maury est allé au bout de son projet.

A cause des pierres qui tombent fréquemment sur la voie, il n'y a que deux départs par semaine, d'où l'affluence, ce train (et son parcours) étant considéré comme une véritable relique.

Un pick-up devance le train pour sécuriser chaque passage à niveau et l'ambulance quant à elle, le suit, pour parer aux urgences.

En effet, un médecin, deux infirmières et tout le nécessaire à oxygène sont embarqués.

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A midi, c'est la cohue dans le resto/bar : les sandwichs jambon/fromage ou milanaises sont pris d'assaut ainsi que les empanadas et rapidement épuisés, ce n'est pourtant pas de la grande cuisine !

De la glace, des rivières gelées, la température extérieure est très fraîche, nous nous en rendons compte à chaque fois que nous ouvrons les fenêtres pour photographier le paysage, le sable paraît très fin.

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Nous sommes dans la puna, à 4 000 mètres d'altitude. Ici, ce ne sont pas les vaches mais les vigognes et les lamas qui regardent passer le train.

Le troisième Salar du monde, après Uyuni en Bolivie et Atacama au Chili se trouve ici. Nous sommes à Salinas Grandes.

A un certain moment, des poteaux Très Haute Tension viennent gâchent la vue..

Nous voilà à San Antonio de Los Cobres (cuivres) et ses mines, le village le plus haut d'Argentine à 3 700 mètres de hauteur, quasiment auto-suffisant. Des indiens proposent ponchos, écharpes, magnets de lamas ou de poupées. Le volcan Cerro Negro est tout près.

Une autre mine un peu plus loin, la Mina Concordia datant de 1660 mais fermée en 1986 car plus assez concentrée en minerai.

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Nous arrivons au célèbre viaduc de la Polvorilla, le clou du spectacle. Le train avance doucement, s'immobilise au beau milieu puis recule, c'est le terminus.

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Le plus impressionnant, comme on peut s'en douter, c'est de se trouver sur ce viaduc, à une hauteur totalement incroyable, la foule massée en bas est là pour nous le rappeler.

Le soleil est au rendez-vous. Tous les passagers descendent et vont Ă  pied jusqu'au mirador pour immortaliser l'instant. L'arrĂŞt durera environ Âľ d'heure.

De nombreuses Indiennes proposent leurs fabrications artisanales, plusieurs passagers se trouvent mal : le Mal des Montagnes fait des ravages mais tout est prévu : infirmières et bouteilles d'oxygène sont appelées à contribution.

Nous repartons un peu après 15 H 00, la GV prend du maté de coca. Petit arrêt à San Antonio où les lamas prennent la pose et les immenses empanadas attendent les clients.

La moitié des passagers repart en bus, taxi ou méga 4 X 4, nous reprenons le train.

Nous discutons avec plusieurs argentins dont un père et son fils et une famille qui a bu du maté toute la journée, véritable institution ici.

L'arrivée est prévue vers minuit. Même si les toilettes sont spacieuses et propres et que les films alternent avec la musique, le retour nous semble beaucoup plus long que l'aller. Nous entrons finalement en gare plus tôt que prévu et rentrons à pied à l'hôtel que nous atteignons un peu moins d'une heure après soit vers minuit.

Nous apprendrons plus tard que le train a déraillé le 19 juillet, soit quelques jours après notre passage. Certains passagers ont marché dans le froid glacial pendant 4 heures !

11/07/2014

Lever 8 H 00 car nous avons rendez-vous avec le loueur qui nous ramène « notre » Clio à 9 H 00. C'est vendredi, nous avons besoin de pesos argentins et l'agence de change est fermée le week-end. L'employé nous demande de revenir dans l'après-midi mais comme nous partons en suivant, nous nous débrouillons pour changer dans la rue, au taux du dollar « blu », autre spécificité du pays.

La file d'attente à l'extérieur des banques est ahurissante, mais habituelle ici.

Nous rentrons payer l'hôtel et partons pour la province de Jujuy, l'autre province du Nord-Ouest avec Salta. Les deux régions sont connues pour le maintien de leur culture traditionnelle et la beauté de leurs paysages naturels. Toutes les deux sont bordées par la Bolivie au Nord et le Chili à l'Ouest.

Les jungles des Yungas, les hauts plateaux de la puna, les sommets élevés de la Cordillère des Andes, les indiens Kollas, chanés, guaranis, ocloyas,...

Nous avons choisi de prendre, plutôt que l'autoroute, la route de la corniche qui serpente, étroite dans les montagnes. C'est très très vert. Le contraste avec l'altiplano d'hier ou la vallée aride de la Quebrada de Humahuaca que nous atteindrons ensuite, est saisissant.

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Nous voilà à San Salvador de Jujuy (plus connu sous le nom de Jujuy) à l'heure du repas. Nous achetons et mangeons nos sandwichs sur un banc de la place principale. Nous allons quand même boire un café en terrasse avant de repartir.

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Nous faisons plusieurs arrêts photo tout au long de la Quebrada et notamment à Maimara avec sa « palette du peintre » et son beau cimetière à flanc de colline.

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Arrivés à Tilcara, nous avons du mal à trouver notre hôtel qui, simple et rustique, s'avère cher. La salle d'eau est minuscule.

Nous partons ensuite vers Pumamarca où se trouve le mont des 7 couleurs. Superbe, même si le soleil n'est pas trop présent. Au bout d'un moment, ce dernier décide enfin de darder quelques rayons et nous gravissons donc une petite colline pour avoir une meilleure vue sur le mont. Nous traversons le village, son église, ses algarrados très anciens et montons un peu au milieu de couleurs fantastiques, c'est très beau.

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Un petit arrêt au marché artisanal et nous retournons nous balader à Tilcara, joli village tout en dénivelés.

Nous dînons de grillades dans un restaurant où les clients ne manquent pas. La GV prend du Locro : spécialité locale et le GB, une côte de bœuf.

12/07/2014

Après une nuit bruyante  (musique forte à l'extérieur, chiens, voisins, gérants) et donc courte pour la GV, suivie d'un petit-déjeuner très basique, nous quittons l'hôtel pour continuer à visiter la région.

Ce sera d'abord Huacalera connu pour sa stèle dédiée au Tropique du Capricorne (qui passe ici) puis Uquia et son église du XVII ème siècle au retable doré (possédant une série de peintures d'anges arquebusiers de l'école de Cuzco et du bois de cactus en abondance) : simple mais charmante. Encore aujourd'hui, la plupart des maisons sont construites en pisé.

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Les petits villages sont pittoresques et agréables. Des enfants nous demandent de l'argent, c'est le début de la « contamination »  par le tourisme.

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A notre gauche, la Quebrada des demoiselles, formation géologique de couleur rouge.

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Humahuaca, à 3 000 mètres est la grande ville de la région. Marché artisanal, marché de fruits et légumes dont de belles pommes de terre andines, mais les vendeurs ne veulent pas que l'on prenne des photos, tant pis ! Eglise, petit musée, tour/horloge avec un saint sculpté qui « surgit » tel le coucou, tous les jours à midi pour bénir le village.

Nous nous arrêtons dans une ferreteria (quincaillerie) et achetons un cadenas pour notre valise ne fermant plus très bien. Cela nous manquait, surtout au GB.

Nous allons en pleine campagne, presque en plein désert, pour manger un bout et reprenons notre route ; toujours de jolis monts aux couleurs chatoyantes.

On trouve régulièrement de petits autels ornés de rouge et dédiés à la Difunta Correa.

Nous allons visiter la Pulcara (forteresse pré-inca) sur les hauteurs de Tilcara, même si sur ce site, il n'y a pas vraiment de défenses apparentes. La nécropole est par contre spectaculaire et nous nous promenons également dans le jardin botanique.

Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons à nouveau devant la Palette du Peintre, les couleurs y étant plus belles qu'hier ; idem à Pumamarca, où nous grimpons pour la deuxième fois, afin de profiter d'une meilleure lumière et prenons ensuite l'autoroute après Jujuy, cette fois.

Toute la zone, de 155 kms de long, a été déclarée Patrimoine de l'Humanité, dans la catégorie paysage culturel.

Nous arrivons en gare routière de Salta après 19 H 00 et achetons les billets de bus de Cordoba à Mendoza, où nous irons dans quelques jours.

Nous prenons congé de Heins et Monika, après avoir laissé la voiture devant l'hôtel (et récupéré nos bagages) puis repartons à pied vers la gare routière.

Départ après 21 H00, véhicule un peu moins confortable qu'au Pérou mais bien quand même. Le dîner est tout-à-fait correct. Le film est diffusé sur les télévisions situées dans le couloir et le volume, un peu trop fort.